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STATEMENT 

Je fais le pari qu’il existe dans la vie quotidienne de chacun de nous des moments visuels, des chocs émotionnels qui constituent une autre vision du monde et de l’art photographique. “There’s a crack in everything, That’s how the light gets in.”( Leonard Cohen, “Anthem”). Oui, je crois aux fissures dans le masque du quotidien. Il y a ces espaces, ces moments inaperçus par lesquels la lumière, la beauté se manifestent, venues d’un autre monde, beau ou laid, caché, mais omniprésent.

Quand ce miracle s’accomplit, nous tous pouvons percevoir la vibration d’une émotion, la possibilité d’un équilibre artistique, une porte ouverte sur le merveilleux. En libérant sa perception du monde, chacun peut découvrir l’art qui nous entoure dans un sourire, un rayon de soleil, dans une moisissure ou une tâche de boue. C’est pour moi l’art accessible à tous, l’art populaire, l’art qui précède les concepts, l’art qui touche l’âme, par surprise, sans que l’on puisse l’expliquer.

Mon projet consiste à photographier ces failles artistiques pour les faire remonter au dessus du contrôle de la conscience et ainsi révéler le merveilleux et l’harmonieux qui vivent cachés dans les plis de nos vies matérielles.

« […] Si tu regardes des murs souillés de taches, ou faits de différentes pierres, avec l’idée d’imaginer quelque scène, tu y verras l’analogie de paysages aux décors de montagnes, fleuves, rochers, arbres, larges vallées et collines de toutes sorte. […] »
Leonard De Vinci – Traité de peinture – 1651

Alors que Léonard De Vinci donnait ce conseil à ses élèves en manque d’inspiration, le renouvellement de la pensée artistique au tournant du XXe siècle en a modifié le sens. Le « tu » qui, pour les surréalistes encore, désigne le créateur, dans les années cinquante, en vient à désigner le spectateur, le conseil de Léonard ne proposant dès lors plus un dispositif d’invention, mais un processus de réception.

Dans M.Y.O.P.E., ces collines, ces montagnes, ces forêts, ces vallons, ces paysages de toute sorte existent …. puisque vous les avez vus. Le mur prends ici une dimension supplémentaire en devenant d’abord le support d’une oeuvre, une représentation figurative d’un imaginaire rêvé.

Mais rapidement des failles de perception apparaissent, sous la forme de craquelures, tâches, fissures qui invitent alors le spectateur à une autre forme de voyage. Un voyage intérieur. Car le mur perce sous le paysage. Le mur en tant que sujet, qu’objet. Ce mur qui est devenu le structurant, le guide et le geôlier de nos vies citadines.

Mais quel soulagement finalement de s’apercevoir que l’imaginaire et la poésie poussent naturellement sur ces murs, qui en deviennent moins oppressants. Ici, point d’intervention humaine, pas de graffiti. Quelle réjouissance que le regard de l’artiste nous révèle que ces tâches peuvent devenir des collines, ces moisissures des cyprès, cette boue une île déserte, cette humidité une forêt orientale.…..

En choisissant soigneusement le cadre dans la banalité quotidienne du mur, le photographe se fait alchimiste en transmutant le sale, le laid, en “Invitation au voyage”. Ici aucune macrophotographie, chacun de ces “paysages” existe réellement sur le mur en grand format. Mais le passant ne regarde plus les murs. Il est devenu myope. Il court et oublie l’essentiel.

L’artiste a alors un rôle vital comme le rappelait André Pieyre de Mandiargues : “Il ne donne pas seulement à voir. Son plus grand bienfait, depuis les temps préhistoriques, est qu’ayant su regarder, il l’enseigne aux autres hommes. Or, il nous arrive assez fréquemment maintenant (cela m’arrive) de nous arrêter devant une clôture de terrain vague, la façade d’une usine délabrée, le flanc d’un navire rongé par la rouille, avec autant de plaisir, ou davantage, que nos pères devant le paysage du Cervin ou celui des falaises d’Étretat” (dans Le Belvédère, 1958).

Avec M.Y.O.P.E., je veux garder mes yeux ouverts pour l’émerveillement. Regarder et partager. Prolonger le rêve et ré-enchanter le monde.

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